L’Extase du Cavalier…

Il est réservé aux classés de 1650 Elo à 2000. Il marque souvent la progression de celles et ceux qui avaient fait leurs débuts dans l’Open de l’Avenir. Les jeunes sont ambitieux. Ils défient de nombreux amateurs de tous les âges. Les cheveux ont peut-être blanchi, mais l’expérience compense le manque d’énergie lorsque les rondes s’enchaînent. Il y en a 9 au total. Les préparations dans les ouvertures sont déjà très pointues. On cible son adversaire. Chacun répète ses gammes en espérant claquer une performance Elo. C’est l’antichambre du Grand Prix, l’open phare du Cap, qui réunit les plus forts amateurs et les professionnels. Au-delà, il n’y a plus de limite.

Raccourcissement des cadences ou cadences longues ? 

Le 28 octobre, 170 compétiteurs et compétitrices se sont engagés dans le tournoi. Comme l’Avenir, il se dispute à la « cadence FIDE », 1 heure 30 minutes au total + 30 secondes par coup. Là encore, CAPECHECS surfe sur la vague du boom actuel des échecs en compétition. Les opens classiques battent régulièrement des records de participation, et pas seulement en France. Le phénomène semble planétaire. C’est d’ailleurs un peu paradoxal, car, dans le même temps, la super élite revendique un raccourcissement des cadences, à commencer par Magnus Carlsen. Le n°1 mondial, par exemple, voudrait que le match du championnat du monde se joue aussi en rapides, voire en blitz. De nombreux super GMI partagent son point de vue, c’est-à-dire les joueurs classés à 2700 Elo. A l’inverse, les salles de jeu des opens débordent d’amateurs et la très grande majorité  de ces opens se jouent aux cadences classiques. 

Plaisir immédiat ou jouissance de la réflexion profonde ?

C’est un joli contre-pied. Quand le marketing et la publicité orientent chaque jour un peu plus le grand public vers des plaisirs éphémères, vers une jouissance immédiate, instantanée, la tendance, au niveau des amateurs d’échecs, est à la réflexion profonde. Certes, la pratique des blitz, voire des bullets (1 minute Ko), s’est énormément développée durant la pandémie, mais on y joue essentiellement en ligne. Sur les échiquiers, lorsqu’on joue « en réel », on privilégie le plaisir de construire sa partie. On calcule les variantes. On réfléchit parfois longuement sur un seul coup, et c’est vrai aux trois temps de la partie, l’ouverture, le milieu de jeu et la finale. Ce qui induit cette question : les amateurs d’échecs seraient les « derniers dinosaures » des temps modernes ? Ou leur  cerveau jouirait-il de manière encore plus accomplie de produire un effort aussi long, et ce, dans une abstraction complète ? Réflexion, action… et contemplation !