Ivanchuk passe entre les gouttes…
A peine arrivé au Cap, le légendaire vainqueur du Trophée en 2010 est allé déjeuner sur le pouce, avant de s’installer dans sa chambre et d’aller faire un tour en vélo !
Ivanchuk vu par… Yannick Gozzoli : « Le Génie absolu du jeu »
Champion de France en 2023, membre de l’association Capechecs, Yannick venait d’arriver au Cap en famille, lorsque Vasyl s’est présenté aux portes du centre : « C’est le génie absolu du jeu, même si la notion de génie est évidemment subjective. S’il n’a pas eu la chance d’être sacré champion du monde classique, c’est peut-être à cause de sa sensibilité extrême. C’est sa qualité principale, mais elle lui a valu parfois de ne pas pouvoir tenir la tension. C’est le côté extraordinaire de son jeu, même si je ne suis pas un neuroscientifique. Je ne peux pas être catégorique sur le sujet.
Face aux « mammouths » Kasparov et Karpov, comme Kamsky
Ivanchuk, c’est aussi toute ma jeunesse. J’ai commencé à jouer sérieusement aux échecs en 1994. Il n’était déjà pas loin de son apogée. J’ai grandi avec ses grandes victoires en tournois, à Linares, à Wijk aan Zee. Je l’ai vu jouer bien des années plus tard au Cap d’Agde. J’étais présent lors de sa fameuse victoire face à Hikaru Nakamura en 2010, après qu’ils aient joué deux gambits du Roi en finale. En 2024, il nous accompagne et c’est un plaisir de le revoir au Cap. Lorsqu’il est arrivé, hier, j’ai dit à ma femme : « Regarde, c’est Ivanchuk, l’un des plus grands joueurs de tous les temps ! » Pour moi, il est de la dimension de Kérès, Rubinstein ou Marshall qui ont eu des pics fantastiques, mais qui n’ont jamais gagné le titre mondial. A l’époque, ils étaient « barrés » par des champions de la dimension de Lasker, Capablanca et Alekhine. Face à Ivanchuk, il y avait deux « mammouths » qui étaient Kasparov et Karpov. Il avait un tel niveau qu’il pouvait rivaliser avec eux, et même les surclasser. Je crois qu’il a souffert d’un certain manque de régularité. C’est un peu comme Gata Kamsky (qui avait disputé le Trophée en 2021 et disputé un match mondial face à Karpov en 1996). Il était considéré lui aussi comme un génie. »
Ivanchuk vu par… Thal Abergel, GMI : « Le combat d’homme à homme ! »
Il a fondé son académie d’échecs à Sens et il est revenu jouer le Grand Prix, trois ans après. Il accompagne aussi ses deux enfants Elone et Emmi, qui jouent l’open de l’Avenir : « Pour moi, il représente le dernier rempart contre les ordinateurs. Ils te montrent quel est le meilleur coup et les gens ne remettent plus en question la véracité de leurs évaluations. Les joueurs se disent : Ok, il faut jouer comme ça dans cette position. Ils ont tendance à avoir presque tous le même style. Ivanchuk, on a la sensation qu’il réfléchit encore avec toute sa tête. Il garde son imagination si précieuse. Comme s’il disait : Cela ne sert à rien de tout apprendre par cœur. Je peux jouer à ma façon. Certes, ce n’est pas la première ligne de l’ordinateur, mais ça va dérouter mon adversaire et le forcer à réfléchir sur l’échiquier. Il reste dans la grande tradition du combat d’homme à homme, avec une créativité qui peut être parfois extraordinaire. Il peut perdre contre des joueurs moins bien classés que lui, mais encore aujourd’hui, il peut battre tout le monde. »
Ivanchuk vu par… Martine Bollat, ancienne présidente de la Ligue PACA
« C’est un grand champion. Il a marqué l’histoire des échecs. Je ne l’avais jamais vu « en vrai », et ça me fait plaisir qu’il soit là. C’est comme pour d’autres grands joueurs que j’ai pu voir au Cap. Cela crée des émotions. C’est un bonheur et une fierté. C’est ce que j’avais ressenti avec Karpov, lorsque je l’avais vu pour la première fois. »