Ivanchuk-Maurizzi, le Génie contre le Prodige !
Coéquipier de Vasyl Ivanchuk lors de la Coupe d’Europe des Clubs avec Chartres, le champion du Monde junior affronte le génie ukrainien en rapides et en blitz.
Le Défi vu par… Vasyl Ivanchuk :
« Je voulais montrer de belles parties… »
Il est l’une des légendes du Cap d’Agde, l’un de ses joueurs emblématiques et le public l’adore : « Chaque tournoi est spécial, pour moi, mais je me souviens très bien de ma victoire en 2010 après que nous ayons joué le gambit du Roi en finale. Marc’Andria est un adversaire très intéressant. Son jeu est très créatif et je m’attendais à un match avec une grosse tension. Pour moi, les deux cadences rapides et blitz sont intéressantes. D’une manière générale, j’aime le public. Je voulais montrer de belles parties... »
Le Défi vu par… Sami Kouatly :
« Ce défi correspond à l’esprit des Rencontres. »
Europe Echecs est l’un des partenaires historiques de Capechecs. Sami en est le directeur après avoir succédé à son père, Bachar, le 1er GMI français de l’histoire : « Bob m’avait contacté. Il voulait savoir si je pouvais l’aider pour que Vasyl vienne disputer le tournoi de blitz Cap Express (le samedi 2 novembre). Malheureusement, il n’était pas disponible à cette date. J’ai soumis l’idée qu’il vienne quelques jours avant et qu’il dispute un match avec Marc’Andria Maurizzi, que Bob avait déjà invité. J’ai pensé que ce défi entre le plus jeune Grand Maître Français de l’histoire et Vasyl pourrait être un temps fort de cette édition des 30 ans. Tous les deux aiment le Cap. Cela ne pouvait donner qu’un beau match.
Dans la lignée des défis des prodiges
Il y avait eu le défi Karpov-Sarin en 2019. Marc’Andria avait affronté Karpov en 2021. Marco Materia avait également joué contre Laurent Fressinet dans la salle Molière. Un prodige affronte une légende. Ce défi correspond à l’esprit des Rencontres. Si l’on remonte plus loin, il y avait eu l’édition des prodiges en 2006. C’est la dimension intergénérationnelle. Les joueurs sont de plus en plus forts, de plus en plus jeunes. On a une exception avec Vasyl. Il a 55 ans et il vient de battre Dmitry Andreikin, en Coupe d’Europe. Il a annulé avec Erigaisi, qui massacre tout le monde en ce moment. Marc’Andria est en train de changer son jeu. Il était très agressif, mais j’ai l’impression qu’il l’est moins, aujourd’hui. Il a travaillé son jeu positionnel avec Gata Kamsky. Il travaille à présent sur des aspects plus stratégiques avec Laurent Fressinet. Vasyl a toujours son style très créatif. Il est capable de tout jouer, positionnel, tactique… Il a une telle connaissance des échecs ! »
Le Défi vu par… Ahmet Gülbay :
« C’est le combat de deux solistes. »
« Il est le Roi des pianistes de Capechecs depuis 2013. Il a joué au Cap auprès de son illustre prédécesseur René Urtreger*, lui aussi amoureux des Rencontres : « Le vieux lion rencontre le jeune loup. C’est un conflit de générations. L’enthousiasme de la jeunesse peut l’emporter sur la sagesse. Ivanchuk n’est pas un « rigolo », c’est un client sérieux. On peut trouver de telles correspondances dans la musique. Salieri l’ancien et Mozart le prodige, sauf qu’ici, Ivanchuk n’éprouve aucune jalousie. Un René Urtreger vaudra toujours deux Gülbay. Il ne faut pas que Marc’Andria ait la notion de respect par rapport à la légende. Le jeune veut gagner, mais s’il respecte trop son adversaire, s’il ne veut pas lui faire mal, cela risque de le déstabiliser. C’est le combat de deux solistes. Si l’on veut faire de la bonne musique, il faut prendre des risques. C’est l’élément clé. Sinon, nous ne sommes que des exécutants. Sans prise de risque, il n’y a pas de créativité. Albert Einstein avait dit : « La créativité, c’est l’intelligence qui s’amuse. » Cela me plait et je crois que c’est valable aussi aux échecs. »
* René Urtreger est le virtuose au piano de la bande-son sublime du film Ascenseur pour l’Echafaud, en 1958, avec Miles Davis à la trompette.